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Le canal de Bourgogne bientôt coupé en deux ?

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Selon les prérogatives du contrat signé entre l'État et le gestionnaire des Voies Navigables de France (VNF), le canal de Bourgogne pourrait voir certains tronçons fermer. L'inquiétude grandit chez les usagers navigants et les associations de défense de la navigation fluviale.

Un usager naviguant sur le canal de Bourgogne et sa carte de navigation fluviale. Un usager naviguant sur le canal de Bourgogne et sa carte de navigation fluviale.
Un usager naviguant sur le canal de Bourgogne et sa carte de navigation fluviale. © Radio France - Julia BEAUFILS

"Ce pourrait être la mort du canal de Bourgogne", s'inquiète Roger Collins, usagers du canal et membre de l'association nationale des plaisanciers en eaux intérieures (ANPEI). Des termes forts repris également par Christian Lestage qui vit sur sa péniche 'No Sweat', amarrée l'hiver au port de Dijon.

Ces deux amoureux de la navigation fluviale ont peur de la fermeture de certains tronçons du canal de Bourgogne, notamment celui entre Venarey-les-Laumes et Pouilly-en-Auxois. "Si cette portion ferme, le canal sera coupé en deux", s'indigne Roger Collins. Les usagers des voies fluviales devraient donc faire un détour pour pouvoir relier le bassin de la Seine au bassin du Rhône.

Un contrat signé entre l'État et le gestionnaire

Les associations alertent sur la situation car en 2021 un contrat d'objectifs et performances (COP) a été signé entre l'État et le gestionnaire : les Voies navigables de France ou VNF. Ces prérogatives doivent entrer en application dès cette année. Cette feuille de route pour les dix ans à venir prévoit de prioriser les investissements des tronçons les plus fréquentés. Par conséquent, le niveau de service sur ceux qui le sont moins devrait diminuer.

La portion concernée du le canal de Bourgogne fait près de 40 kilomètres et n'a vu passer que 200 bateaux en 2022."Pour continuer l'entretien, il faut qu'il existe un usage qui justifie ces investissements. Un peu comme si on entretenait une partie d'autoroute sans que personne n'y passe", explique Cécile Avezard, directrice de VNF Bourgogne.

Mais elle se veut rassurante : "on ne va pas fermer définitivement et dès cette année à la navigation". Elle demande du soutien aux territoires traversés par le canal. "On peut réfléchir à continuer un niveau de service élevé mais il faut pour cela un projet mis en place par les collectivités. On ne peut pas tout faire", souligne-t-elle. Les VNF expliquent ne pas pouvoir s'occuper de tout : de l'entretien des infrastructures (canal, écluses...) à la vitalité du secteur fluvial ainsi que des territoires que les canaux traversent. Le gestionnaire des voies réclame le soutien des mairies et collectivités.

La carte des divers canaux de Bourgogne.
La carte des divers canaux de Bourgogne. - VNF

Un patrimoine historique

La maire de Saint-Jean-de-Losne, Marie-Line Duparc, veut retrouver justement l'âge d'or du canal. "C'est un patrimoine inestimable, une force pour notre territoire", insiste-t-elle. Elle regrette le flagrant désintérêt des Français en général et particulièrement des Bourguignons pour la navigation fluviale. "On a des touristes habitués aux canaux dans leurs pays d'origine qui viennent exprès pour naviguer sur les canaux français et ici chez nous. Ils nous envient", rapporte-t-elle.

"Il faut dépoussiérer la navigation fluviale : ce n'est pas seulement pour les riches à la retraite", lance la maire de ce qui est un des plus gros pôles fluvial de France. Elle rêve de voir l'histoire de ce canal, construit il a 200 ans, arborée avec fierté par les habitants de la Côte-d'Or. Pour l'édile, la solution pour redynamiser le trafic fluvial réside dans le tourisme.

"Le futur est dans le fluvial"

Mais la plaisance loisir n'est pas la seule perspective de survie pour le canal de Bourgogne. Selon Roger Collins, qui a travaillé toute sa vie sur des péniches-hôtels notamment, "le futur est dans le fluvial". "La voiture est arrivée après, alors forcément déplacer des marchandises en camion ça paraissait moderne et les canaux ringards", résume ce loup de rivières. Il poursuit : "Aujourd'hui, c'est plutôt le transport routier qui devrait être vu comme étant ringard ! Les émissions carbone d'une péniche sont 70% moindre que celles du transport routier"

Même analyse pour Christian Lestages : "le train a concurrencé les déplacements sur voies navigables". Pourtant la vie sur une péniche n'a rien perdue de son charme à en croire ses dires. "Il a une réelle convivialité, on rencontre des gens avec qui parfois on fait quelques kilomètres. On discute avec des cyclistes le long des canaux. On s'entraide entre navigants", décrit-il. Pour rien au monde il en changerait. Alors pour lui, la fermeture de tronçons du canal de Bourgogne c'est la petite mort de son mode de vie.

Une réunion est prévue dans les semaines à venir entre les collectivités et les Voies navigables de France pour aborder l'avenir de ces portions du canal.

Roger Collins membres de plusieurs associations de navigants en eaux intérieures.
Roger Collins membres de plusieurs associations de navigants en eaux intérieures. © Radio France - Julia Beaufils
Christian Lestages sur sa péniche dans le port de Dijon.
Christian Lestages sur sa péniche dans le port de Dijon. © Radio France - Julia BEAUFILS

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