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Dijon : une conférence pour s'interroger sur l'influence des célébrités sur notre santé mentale

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"Suicide et pop culture : comment les stars nous influencent ?" C'est le thème d'une conférence organisée ce jeudi à la faculté de Dijon. À l'initiative de cette conférence. Un médecin dijonnais auteur d'un ouvrage sur le sujet. Entretien.

Clément Guillet, médecin psychiatre à Dijon Clément Guillet, médecin psychiatre à Dijon
Clément Guillet, médecin psychiatre à Dijon © Radio France

France Bleu Bourgogne : Clément Guillet, vous êtes psychiatre, à la Chartreuse et au CHU de Dijon. Quand une star se suicide ou parle de suicide, ça donne des idées à d'autres, c'est ça ?

Oui, c'est ce qu'on appelle l'effet Werther. C'est un effet d'imitation que peuvent entraîner des stars, des célébrités, qui se suicidant, vont entrainer avec elle des imitations suicidaires. Et puis on va voir s'élever le nombre de suicides. Moi, j'ai vu des patients arriver avec par exemple des idées suicidaires suite au décès de chanteurs de rockers par exemple, comme le chanteur de Linkin Park, Chester Bennington. Et c'est là que j'ai voulu m'intéresser au sujet et écrire le livre puisque du coup, ils se sentaient impactés, je sentais un lien avec cette star qui s'est suicidée. Et puis du coup, ça a ravivé en elle des idées suicidaires.

Quel est le mécanisme qui se met en place plus que pour d'autres suicides dans la société ?

On est dans un bain de star system, on est entouré de stars. Dans une société hypermédiatisée, les stars ont ce pouvoir de prescription qui va pouvoir faire vendre du café, prêcher une bonne cause, et cetera. Mais elles vont aussi entraîner des effets d'imitation. Et du coup, elles peuvent avoir des imitations positives en libérant la parole sur certains sujets tabous en psychiatrie. Mais elles peuvent aussi en créer des imitations. Les gens vont finalement s'identifier à une idole qu'ils considèreront comme proche. Ils se reconnaîtront finalement en elle. Et puis, en même temps, une identification aussi verticale de quelqu'un qui en pleine gloire et donc, du coup, qu'on peut avoir envie d'imiter, notamment à certains moments de sa vie et notamment chez certaines personnes fragiles. Bien sûr, ça ne concerne pas tout le monde.

Est-ce que ça a un effet bénéfique d'en parler ?

Exactement. On a vu qu'il y a des effets négatifs et c'est très documenté. On voit aussi récemment qu'il y a des effets positifs. Par exemple, avec Stromae, le chanteur. Lorsque l'année dernière, il était revenu sur le devant de la scène d'une manière assez spectaculaire, en répondant à une chanson par une chanson, à une question en plein JT de TF1. Et il avait évoqué ses idées suicidaires. A ce moment là, il y a eu un pic de plus de 13 % d'appels sur les lignes anti-suicide, et certains évoquaient le fait que son passage à la télé avait déclenché une envie pour eux de chercher de l'aide. Les gens vont dire : il a brisé un tabou. Moi aussi, comme lui, j'ai envie de me faire aider. J'ai envie de m'en sortir.

On voit beaucoup sur les réseaux sociaux depuis quelques années maintenant apparaître la mention TW (Trigger warning) avant de parler éventuellement de suicide, de santé mentale, et cætera. Est-ce que ça sert à quelque chose ?

Moi, je trouve ça très bien que les médias et les réseaux sociaux s'en emparent, puisqu'en fait le média est le vecteur de cette propagation suicidaire du côté négatif comme positif. On voit bien que ça peut servir au patient de s'emparer de cette problématique là et puis de chercher de l'aide. Donc, sur les réseaux sociaux, c'est exactement pareil puisque beaucoup de gens sont de plus en plus sur les réseaux sociaux, l'utilisent comme un média à part entière.

Et vous, c'est quoi alors votre avis ? Les réseaux sociaux, on doit s'en servir pour parler de sa santé mentale ?

Il faut utiliser tous les réseaux pour en parler puisqu'en fait, le suicide, c'est un sujet vraiment qui reste encore trop tabou malheureusement, qui entraîne des dizaines de milliers de morts par an, une dizaine de milliers de morts par an en France et donc du coup qui peut être changé. Les réseaux sociaux bien sûr, peuvent impacter ça. Et le fait qu'il y ait des stars comme ça ou des influenceurs, qui font des coming-out psychiatriques, qui évoquent leurs idées suicidaires, mais qui disent aussi il y a de l'espoir, fais comme moi.

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